2011 aura été une saison exceptionnelle pour moi pour la chasse à l’ours, je dirais même meilleure que mes objectifs les plus farfelus. C’est un peu long à lire mais difficile de faire autrement, c’est un résumé de plus d’un mois de trappe et chasse à l’ours.
Un de mes objectifs de chasse 2011 était de récolter 5 ours : 4 au piège et 1 à la carabine, dans un territoire accessible de la maison au lieu de la Gaspésie comme les dernières années, donc des territoires qui n’ont pas été appâtés les années précédentes, beaucoup d’inconnus et de points d’interrogation. J’avais 4 sites potentiels d’identifiés pour appâter, tous des endroits où le proprio voulait réduire le nombre, et 3 de ces sites dans des UGAF (zones de piégeage) sur la rive nord du St-Laurent où on peut en trapper 4.
Début mai, j’appâte 2 sites où la neige est déjà disparue : moulée avec de l’huile à patates frites et mélasse, un baril avec des gâteaux, des carcasses de castors suspendus aux arbres, des chaudières accrochées aux arbres avec des appâts, sardines ou gâteaux, (prêtes à ajouter un piège), de l’huile à l’anis sur des souches et sur des guenilles dans les branches des arbres.
Au site 1, dès le 7 mai les ours viennent manger les carcasses de castors, ils sont photographiés près des gâteaux mais n’y touchent pas.
Ça promet ils sont gros; ils viennent 2 jours de suite mais ils ne sont jamais revenus par la suite. Peut-être une erreur de ma part, les castors n’étaient pas très près du baril de gâteau comme sur le site 2.
Au site 2, j’avais des photos d’au moins 6 ours différents à l’automne. Le proprio me téléphone pour dire que les castors sont déjà disparus mais d’attendre au 21 mai avant d’installer des pièges car il veut faire des travaux de drainage là où j’ai installé mes appâts.
Je veux aussi expérimenter 4 méthodes de piégeage avec le lacet à patte; j’installe donc 4 pièges (lance-collet) différents:
• Un piège M15 dans une chaudière ronde à env. 5 pieds de haut;
• Un piège 220 dans une chaudière carrée également à env. 5 pieds de haut.
o Un piège 330 au sol; (même principe que le 220 sauf que le piège mesure 10 pouces par 10 pouces et qu’on l’installe au sol.
• Un piège Wilson avec ressort au sol;
Piège Sauvageau M15 dans une chaudière :
Un piège 220 dans une chaudière carrée
Piège Wilson avec ressort au sol (il manque le lacet avec le ressort):
Les résultats ne se font pas attendre :
OURS NO 1. À chaque visite, j’appâtais la chaudière carrée avec une boîte de sardines et un ours la mangeait. En installant le 220 que j’avais jusque là laissé par terre, près de la chaudière, pour que les ours s’y habituent, j’avais évidemment appâté avec une boîte de sardines en espérant que l’ours se laisse tenter comme d’habitude. À ma 1ère visite, un ours s’était fait prendre à mon installation avec le piège 220, un mâle de 125 livres.
Après avoir sorti l’ours et l’avoir éviscéré, je suis retourné appâter et réinstaller mes pièges. En arrivant aux appâts, 2 ours se sauvent. Pendant que je réinstalle un piège au sol j’en vois 2 gros qui s’approchent de la direction opposée, je me lève debout, ils continuent à approcher, j’avais la 30-30 mais je trouvais qu’il était trop tard pour en sortir un autre et je n’étais pas pressé d’enlever mon coupon à mon permis de chasse. Je leur ai lancé un cri qui les a fait arrêter puis retourner d’où ils venaient. Ensuite je suis à genoux devant le baril de gâteaux pour installer un dernier piège, je lève les yeux il y a en encore un à env. 25 ou 30 pieds; je ramasse la 30-30, il avance de 2 pas, je prends une photo. Je n’avais pas remarqué, je pense qu’il a bougé au moment de la photo, c’est un peu flou.
Je me lève, il me regarde, je monte sur mon VTT, part le moteur, il continue d’avancer vers les appâts. Je lui laisse la place, je décide de partir sans installer le dernier piège.
OURS NO 2 : quelques jours plus tard, un 2ème mâle de 200 livres s’est pris grâce au piège 330 placé devant le baril. Il était déclenché à chaque jour (ours ou ratons) mais cette fois ça a fonctionné.
OURS NO 3 : Le lendemain tôt le matin le proprio m’appelle pour dire qu’il est allé faire un tour et qu’il y en a un autre de pris. Je téléphone à ma sœur Renée et mon beau-frère Michel qui aimerait en chasser un au cas où les ours seraient présents comme la veille autour des appâts. Cette fois l’ours s’est pris au piège M15 dans une chaudière ronde. J’avais changé le sac de gâteaux pour une guenille avec de la mélasse parce que les ratons montaient dans l’arbre et déclenchaient le piège. Par contre un autre ours a trouvé le piège avec la guenille de mélasse et est parti avec, je ne l’ai pas retrouvé. C’est un 3ème mâle, 150 livres celui-là.
OURS NO 4 : J’avais gardé le
site no 3 pour la chasse. C’est le plus près de la maison. J’y allais chaque après-midi pour renouveler les gâteaux dans le baril (25 livres par jour) et les ours le nettoyaient chaque jour. Je laissais tourner le moteur du VTT pendant que j’y étais pour qu’ils comprennent le signal que la bouffe venait d’arriver. Ils avaient complètement bouffé la chaudière de moulée que j’avais remplie d’huile à patates frites. Sur les photos je pouvais voir qu’ils venaient maintenant au baril de jour, peu de temps après mon départ.
Ma stratégie : chasser sans se faire détecter, donc éviter de chasser avec un vent d’est, la cache était installé depuis quelques jours à 50 verges à l’est, tirer un ours et le sortir le plus vite possible pour ne pas effaroucher les autres.
Donc le 5 juin les conditions sont idéales; j’invite Michel, le beau-frère, à m’accompagner, je pense pouvoir faire un doublé, chacun un ours. Donc on se rend aux appâts en VTT, on installe les armes et le stock dans la cache, on renouvelle les gâteaux, je laisse Michel dans la cache, je quitte en VTT pour revenir rapidement à pied. Il n’est que 16hres15, je finalise d’ajuster la caméra, je veux filmer, mais je vois déjà des ombres circuler à travers les arbres. 2 petits ours sont déjà au baril. La visibilité n’est pas parfaite, l’herbe a poussé, on voit les dos et à l’occasion une tête qui se lève. D’autres caméras prennent des photos de plus près.
Au bout de 15 minutes ils s’enfuient à la course en cassant des branches. Une minute plus tard, un gros se présente la tête entre les branches, se lève sur ses pattes arrières pour regarder dans notre direction, puis se dirige vers le baril.
Je tire, il tombe, il ne bouge plus. Au bout de 20 secondes on voit bouger les pattes, il s’éloigne derrière le baril sans que je puisse tirer de nouveau mais on entend les branches casser.
Je ne veux pas le pousser plus loin, on attend 30 min. avant d’aller jusqu’au baril. Il y a beaucoup de sang, mais les arbres sont denses, je ne le vois pas. On retourne à la cache, on va attendre encore 30 minutes. Mais seulement 15 minutes après un petit ours revient manger au baril.
Le petit ours quitte, on suit la trace de sang lentement pour ne pas lever notre ours, on n’a pas entendu son cri de mort. Ce qu’on ne savait pas et qu’on a vu seulement sur les photos le lendemain, c’est qu’un gros ours est venu au baril alors que nous étions à environ 100 pieds plus loin.
On a finalement trouvé notre ours, une dernière balle pour l’achever, il est juste à côté d’un sentier de VTT, à 50 pieds du champ. C’est un 4ème mâle, 150 livres.
Je vais chercher le VTT et le traineau pour aller l’éviscérer plus loin et le mettre au frais dans le congélateur.
Pendant ce temps Michel reste dans la cache pour tenter de compléter notre doublé. À 6hres45 un ours se présente au baril, il est craintif, et il décide de retourner. Michel ne l’a pas vu, il était sur les photos le lendemain.
À 8 hres encore un ours au baril, peut-être le même. Cette fois il se dresse sur ses pattes arrières pour regarder dans le champ. Michel s’empresse de ramasser la 30-06 mais l’ours l’a vu bouger et retourne dans le bois.
Comme on est dans un champ face aux arbres à l’ouest, Michel quitte après le coucher du soleil, vers 8hres 45. Dès la noirceur le gros ours que j’ai en photo de nuit à tous les jours, il a un collet cassé autour du cou qui le blesse, vient au baril et y passe plusieurs heures.
Il laisse la place aux autres qui viennent jusqu’à 8 hres le lendemain matin.
OURS NO. 5. Les jours suivants, vent d’est, pas de chasse. Le 9 juin, le vent est nord-est, à la limite de ce qui est passable. Michel ne peut venir, j’y retourne avec mon frère Marcel. Même stratégie : appâts avec le VTT, je quitte, je reviens à pied. Les jours précédents j’ai coupé quelques branches et couché le foin en direction du baril. 3 hres d’attente, Marcel est prêt, soudain, à 8 hres, il dit il est là. Je n’ai pas le temps de partir la caméra vidéo, la 7 mm Rem Mag vient de coucher l’ours, une femelle cette fois de 150 livres, tirée de face dans le cou, juste au moment ou elle levait la tête pour sentir.
Elle à l’air plus grosse que son poids à cause de sa fourrure exceptionnelle. Elle n’avait pas de petits avec elle (pas de lait non plus). Donc mon frère a récolté son ours à sa 1ère soirée de chasse.
À 10hres30 les autres sont de retour jusqu’à 7hres30 le lendemain matin.
OURS NO 6. Encore du mauvais temps et du vent d’est, je téléphone à Michel, pas encore aujourd’hui. Finalement le 14 juin les conditions sont bonnes. On répète la même stratégie sauf que cette fois je prends le temps d’installer un piège 220 dans une chaudière ou je mettais des sardines à chaque jour ; objectif un à la carabine ce soir et le dernier dans un piège demain matin. Lors des dernières visites j’ai encore amélioré la visibilité en couchant le foin et en coupant d’autres branches. Cette fois on attend jusqu’à 8hres45, il commence à faire sombre, le soleil est couché. Michel le voit le premier, l’ours avance le nez en l’air, se lève debout pour mieux voir.
Je dis il est beau, Michel le tire dans le cou, l’ours tombe sur place, un beau mâle de 200 livres. Pour Michel c’est son 1er ours à vie mais aussi son 1er gros gibier.
À 10hres30 nos clients du baril sont encore de retour mais cette fois jusqu’à 10 heures le matin.
OURS NO 7. Non, pas d’ours dans le piège le lendemain matin. C’est pas facile la chasse des fois. J’installe 2 autres pièges devant et au bout du baril, là ou les ours circulent toute la nuit. Le premier ours qui s’est présenté au baril les a déjoué tous les 2.
Finalement le 18 juin doit être ma dernière journée de trappe, je suis pris les jours suivants, Et bien oui, ma chance est revenue, un ours m’attend, il s’est pris dans le premier piège que j’avais installé, encore le 220 dans une chaudière carrée, aucun ours ne s’était risqué à manger les sardines depuis le 14 juin quand j’avais installé le piège. Donc mon dernier ours est un autre mâle de 150 livres.
Bilan 2011 7 ours:
• 4 au trappage (2 avec le 220, 1 avec le 330 et 1 avec le M15)
• 1 à la carabine
• 2 comme guide
J’oubliais, je ne vous ai pas encore parlé du
site no. 4 situé à 3 km en forêt dans une clairière, moins de 10 km du site 3. C’est parce que je n’ai pas eu le temps de le chasser, les ours ont donc eu un buffet gratuit tous les jours. J’espère qu’ils vont être reconnaissants l’an prochain…