Il ne manquait qu’un caribou pour compléter mon Grand Chelem 2010; plusieurs vont dire aucun problème c’est facile le caribou, il y en a partout, ils sont partout dans le chemin;
NON CE N’EST PAS TOUJOURS LE CAS.Le départ est prévu pour samedi matin 11 décembre pour Radisson (zone 22B) avec 2 compagnons : Michel, un retraité lui aussi qui n’a jamais chassé aucun gros gibier et Daniel un ami chasseur de gros gibier, à sa 1ère expérience au caribou. Nous avons un forfait de 4 jours avec 1 guide pour la 1ère journée et des motoneiges pour 2 jours. J’étais allé à Mirage en novembre 2009. Cette fois, j’avais opté pour Radisson parce qu’à Mirage lorsque le caribou est passé ils doivent faire plus de 300 km pour aller au Lac des Pins au Nord de LG3 plus 1 heure de motoneige pour chasser et revenir en soirée.
Mardi soir avant le départ, mon guide téléphone pour dire qu’il arrive de Brisay (au bout de la Trans-Taiga), qu’il n’y a pas encore aucun caribou autour de Radisson, que les caribous sont tous autour de Mirage sur la route et que je n’ai pas besoin de guide si je fais ma chasse là.
Je téléphone à Radisson et ils me font un arrangement : nous couchons 1 soir (le dimanche) à Radisson comme prévu et ils font un échange avec Mirage pour la chasse.
Départ le samedi, couché à Matagami, puis à Radisson en après-midi le dimanche. On nous dit qu’un troupeau se trouve dans le secteur du Lac des Pins et qu’un 1er groupe de chasseurs est parti le matin pour y chasser mais que le lac n’est pas sécuritaire. Cette option n’est pas possible pour nous, il n’y a aucune motoneige à Radisson. Un téléphone à Mirage : le succès à date 100% mais la chasse est plus difficile depuis quelques jours, la chasse se fait sur le chemin LA1 que je connais.
En 2009 la chasse était très difficile à Mirage mais nous avions trouvé de beaux coins et fait une très belle chasse, à pied, sans guide; je suis quand même optimiste, on va à Mirage.
Lundi matin nous partons très tôt de Radisson, nous voyons 2 petits groupes de caribou seulement entre le km 160 et 250, nous sommes à Mirage à 11 hres. La réceptionniste nous dit : je ne sais pas pourquoi ils vous ont envoyé ici, il n’y a plus de caribous, tous les chasseurs sont partis pour le Lac des Pins. On débarque le stock et on repart aussitôt avec un lunch pour explorer le territoire : rien sur la route, il y a une neige fraiche du matin, aucune trace, je vais sur la passe entre de petits lacs ou nous avons fait notre chasse en 2009, plein de vieilles traces mais aucune trace fraiche.
Lundi soir les chasseurs reviennent vers 21 hres du Lac des Pins; il y avait du caribou partout dans la 22A puis dans la 22B : prenez votre temps, choisissez même si le guide est pressé de faire la chasse. On nous offre d’aller au Lac des Pins le lendemain. Pour ne pas avoir à faire le voyage allé-retour nous décidons d’aller au Lac des Pins nous aussi mais de ne pas revenir à Mirage, de plutôt aller coucher à Radisson et de sauver 600 km. Comme le lac est dangereux et qu’il faut rouler jusqu’à dépasser le 54ème parallèle pour être dans la 22B, pas question d’y aller sans guide. Les guides sont déjà épuisés de leur journée, donc tirage au sort entre les 2 qui ne sont pas cédulés : le perdant va à la chasse avec nous le lendemain. On charge les motoneiges sur son trailer, et on va se coucher.
À PARTIR DE CE MOMENT NOUS NE LE SAVIONS PAS ENCORE, CE N’ÉTAIT PLUS DE LA CHASSE MAIS DE L’AVENTURE…Mardi, lever à 3hres30, on ramasse les bagages, notre trailer pour les caribous, départ à 4hres30. Il a neigé toute la nuit, il neige à plein ciel, la route n’a pas été déblayée, on roule dans 6 pouces de neige derrière les 2 camions de Mirage, le vent a fait des lames de neige de 1 à 2 pieds par endroit, à d’autres il a nettoyé la route qui est sur la glace. Au km 100 on tourne vers LG3, on traverse le barrage dans la poudrerie, puis on continue dans la trail pour un autre 38 km. Finalement 5 heures et ½ plus tard on est à destination; il y a un véhicule des agents de la faune et un autre de la sureté du Québec, 2 autres groupes de Mirage et d’autres chasseurs. Il fait tempête, il fait -15 mais le vent souffle très fort, la visibilité est réduite et c’est pas chaud avec ce vent là; nous on pense que la chasse va être cancellée, s’il continue à neiger ça va être difficille de repartir? Notre guide débarque les motoneiges il est prêt; vous me suivez dans le cul, ne me perdez pas de vue, je sais ou passer sur le lac mais à 50 pieds à côté ça peut être dangereux! On fait ça vite les gars, on tire et on revient au plus vite!
Au début on suit une trail, puis on arrive sur le lac et là ça roule au maximum, je roule le 4ème derrière mes 2 chums. Par moment je ne vois plus le guide mais je suis la motoneige devant moi. Arrêt au bout de 15 minutes près du rivage; malgré le casque et la visière, un de mes chums a 2 engelures sur la joue ( 2 ronds comme des 10 cents très blancs). Le guide lui prête une cagoule. OK ça va on continue.
Finalement le guide arrête : nous avons dépassé le 54ème parallèle, nous avons le droit de chasser. On entre dans une trail ou ils sont passé la veille, des chasseurs nous suivent. Au bout de quelques minutes, environ 15 caribous, le guide n’arrête pas, il les laisse aux autres chasseurs derrière pour qu’ils ne nous suivent pas.
On arrive à un petit lac, pas de caribous (mais des panses de la veille sur la glace), on reprend le bois, un autre lac, pas de caribous : il fait tempête, ils sont cachés dans le bois. Plusieurs lacs, rien nulle part.
Le guide ouvre une nouvelle trail dans le bois et on continue plus loin, il faut les trouver. Un ruisseau, de grosse roches, on reste pris plusieurs fois chacun notre tour mais on tire, on pousse, on s’aide et on continue. Le guide traverse une petite rivière, ça défonce, c’est plein de roches, il est pris dans 1 pied d’eau, on réussit à faire passer la motoneige de l’autre côté. Mon chum me regarde : là ce n’est plus le fun…Le guide lui fait signe c’est à ton tour, encore une fois on réussit à passer. On arrive sur d’autres lacs, pas de caribou, la glace défonce sous la motoneige du guide, on monte sur la rive et on contourne le lac. Ça fait 3 heures qu’on roule, il est 13 hres, le soleil se couche à 16 hres et on n’a pas encore un seul caribou.
On arrive sur un lac plus grand; 3 ou 4 caribous nous ont vu et se dirigent lentement vers une île; vite! vite! Tirez, tirez! J’arrive le dernier, débarre l’étui rigide, sort la carabine, met le chargeur, une balle dans la chambre, j’épaule, impossible le télescope frappe ma visière, arrache le casque, vise, un caribou se tourne de côté, 2 coups en même temps, le 1er est à terre.
Au bout de quelques secondes 5 ou 6 caribous de l’autre côté du lac; c’est loin, très loin. Mon chum dit je tire pas c’est trop loin; ma 7 mm est ajustée à 200 verges et j’ai pratiqué tout l’été, je m’appuie sur la poignée de ma motoneige, un caribou se place de côté, je vise le haut du dos, la balle traverse les 2 poumons, il part à la course en ruant et sautant et traverse le lac en revenant vers l’île. Le guide va le chercher et le ramène avec l’autre pour les éviscérer.
Il dit on les laisse ici, on va les ramasser en revenant; tu veux dire qu’on va refaire tout le trajet à l’envers avec des caribous attachés derrière les motoneiges? Traverser la rivière?
Un peu plus loin, un petit groupe de caribous sur la butte : 3 autres à terre. Il en manque 1, on fait le tour de la pointe, il y en a de cachés dans les arbres, un coup et le dernier est à terre.
Pas de temps à perdre, on les éviscère, on les attache derrière les motoneiges et on repart en roulant le plus vite possible. Il est passé 14 hres.
On est un peu inquiet, on est à l’abris du vent mais il neige encore (mais personne n’a froid, au contraire), mais on craint la mauvaise visibilité et la noirceur sur le Lac des Pins. Évidemment on reste pris, on tire, on pousse, on glisse, on renverse sur le côté. Pour décoller il faut tirer sur le caribou pour que la motoneige se donne un élan pour décoller. On arrive enfin au Lac des Pins avant la noirceur.
Et là nous sommes chanceux, le vent est tombé, il ne neige plus du tout, on voit de l’autre côté du lac. Dernière consigne : dans la slutch, le gaz au fond, il ne faut pas arrêter, il faut se rendre dans la neige pour avoir de la traction. Et là ça roule, 2 motoneiges ont 2 caribous attachés derrière, les 2 autres 1 caribou. On arrive finalement aux véhicules à la noirceur.
Finalement on a réussi notre chasse (et mon grand chelem), pas le genre de chasse qu’on voulait, surtout pas le genre de chasse que nous voudrions faire l’an prochain, mais quand même content de l’avoir fait, et très fiers d’avoir été capables de le faire…Sur la route du retour, c’était unanime,
TOUTE UNE AVENTURE, on a hâte de retourner au caribou, mais ça va être différent.
Le retour de Radisson s'est bien passé. À la barrière de la route de la Baie-James à Matagami, on a eu le plaisir de rencontrer et saluer le désormais célèbre
Rémi Martin (le fils de claire zezette martin); il travaillait avec d'autres agents de la faune à vérifier les chasseurs revenant de la chasse. Malheureusement j'ai oublié de photographier, ça manque à mon récit, mais la prochaine fois je vous garantis la photo...