Il y a 2 ans, lors d’une soirée de chasse de Mario Huot à la Cage aux Sports, j’ai appris qu’on pouvait se payer un safari en Afrique si on chassait les animaux des plaines, beaucoup plus nombreux, donc moins dispendieux que les animaux dont on entend parler d’habitude comme le buffle, le lion et les autres gros gibiers d’Afrique qu’on peut voir et photographier de toutes façons. Immédiatement ma décision était prise, j’y allais à l’été 2011, donc pendant l’hiver en Afrique du Sud, dans l’hémisphère sud; donc pas besoin de sacrifier une autre chasse pour aller en Safari.
Au moment de faire les réservations j’ai été mis en contact avec d’autres chasseurs de la région de Québec; on est finalement parti 6, 2 chasseurs seuls et 2 accompagnés, de Dorval le lundi 1er août en fin de journée. Après 20 hres de vol via Amsterdam et Johannesburg où on a passé la nuit, on a atterri à East London mercredi le 3 aout en avant-midi.
Là les guides de la pourvoirie, avec les pisteurs et même les chiens de sang nous attendaient avec leur camionnettes Toyota pour un autre 2 heures de route jusqu’au camp, d’abord sur de belles autoroutes, ensuite sur des sentiers délavées par les pluies abondantes des dernières semaines. On arrive au camp et on laisse nos bagages dans notre tente.
Chaque chasseur a sa tente montée sur un plancher avec toit de chaume au dessus de la tente, avec lits et espace de rangement et salle de bain avec eau chaude (avec énergie solaire). La mienne est au bout du trottoir de bois qui mène à la salle à manger.
Après dîner et la pause de milieu de journée, c’est la vérification des armes; nous utilisons la carabine de notre guide, mon partenaire pour la semaine et moi allons donc chasser avec une TIKA 270 avec télescope 3-9X40 ajusté à 200 mètres et des balles de 150 gr. Les cibles sont à 100 et 200 mètres, la carabine est très précise. Ensuite on fait notre 1ère sortie de chasse qui nous permet déjà d’observer de nombreux impalas et un très beau Kudu mais trop loin pour un tir; on a bien tenté de l’approcher mais il est disparu dans les buissons.
Jeudi 4 août.
La vraie chasse commence, le guide veut d’abord chasser le Kudu le plus difficile des animaux sur notre liste; j’ai 5 gibiers de prévus, mon partenaire 4 donc un total de 9 gibiers, Cette 1ère journée nous permet de comprendre comment fonctionne la chasse en Afrique du sud. Le territoire de la pourvoirie est très grand mais nous faisons 1 heure de route pour chasser sur le ranch du père de notre guide. Les blancs possèdent d’immenses ranches ou ils font de l’élevage, surtout du bœuf et du mouton. Le propriétaire du ranch est aussi propriétaire du gibier qui s’y trouve et doit le gérer : inventaire aérien à chaque année et détermination des quotas de chasse. La pourvoirie a donc des ententes avec de nombreux propriétaires et paie pour chaque animal récolté ou blessé mais la carcasse de l’animal est préparée et laissée dans la chambre froide du proprio qui conserve donc la viande.
La chasse ressemble donc à une chasse sur les ranchs dans l’ouest canadien ou américain mais avec un paysage du Texas, c'est-à-dire des buissons et des cactus, de très rares arbres ou selon les endroits, des collines de foin avec très peu d’arbustes. La chasse se fait à pied, le guide marche en avant suivi du pisteur qui transporte le trépied pour le tir, et des chasseurs. Lorsque le gibier est localisé, le guide récupère le trépied et le positionne pour le chasseur.
Dès le lever du soleil nous marchons; on se déplace de colline en colline, en s’assurant d’avoir l’avantage du vent, pour essayer de localiser notre animal. On a pu observer de petits groupes de femelles impala, des phacochères (sangliers) qui se poursuivaient dans les buissons mais rien pour nous faire déroger du Kudu. Vers 11 hres nous n’avions vu aucun Kudu encore. Soudain, alors que nous étions à scruter le versant de l’autre colline avec les jumelles le pisteur nous fait signe qu’il a vu quelque chose; le guide réussit à le localiser, c’est un jeune mâle Kudu à environ 300 mètres. Il veut tenter de l’approcher, il peut y en avoir d’autres avec. Nous l’approchons en s’assurant de garder des buissons entre nous et le Kudu. La chance nous sourit, rendu à 225 mètres un très beau mâle sort des buissons et traverse une petite clairière; ça ne laisse que quelques secondes, une balle dans l’épaule et le Kudu s’écroule quelques mètres plus loin.
C’est un vieux mâle d’une dizaine d’années, un très beau trophée avec un panache spectaculaire.
Vendredi 5 août
Changement, il pleut, ce qui est exceptionnel à ce temps de l’année. Nous nous dirigeons vers un autre ranch, objectif un bushbuck pour mon partenaire tôt le matin puis un zèbre ou un blesbuck. Un pisteur du ranch se joint à notre groupe pour nous aider. Impossible de trouver et approcher un gibier cette journée là; la pluie augmente, nous abandonnons tôt dans la journée.
Samedi 6 août
Pas de chasse, nous avions prévu une journée pour visiter le parc KWANDWE, donc dîner gastronomique de viandes de gibier puis visite du parc où nous avons pu voir de nombreux gibiers dont des rhinocéros blancs de très près, et de nombreux autres gibiers, même 2 lions de loin dans une plaine, mais aucun éléphants cette journée là.
Dimanche 7 août
On se dirige au ranch de l’oncle du guide ou son cousin nous attend pour nous aider pour une chasse au zèbre. On se dirige vers le lieu de chasse, on voit quelques zèbres qui disparaissent dans les buissons en route puis on se rend sur le dessus de la colline, là ou se trouve une plaine sans arbustes. Les zèbres n’y sont pas. Nous partons donc à pied vers le bas de la colline, en direction des zèbres que nous avons vu précédemment. Le terrain nous favorise, on peut rapidement apercevoir les zèbres sans être détectés; un adulte est visible à travers les branches, un coup dans l’épaule et il tombe quelques pieds plus loin.
Finalement c’est une grosse femelle, mais elle fera un magnifique souvenir d’Afrique.
Il est très tôt le matin, nous avons encore la journée pour chasser le springbok. Nous laissons donc le pisteur pour enlever la peau du zèbre, l’éviscérer et le placer dans le frigo du proprio pendant que le cousin nous conduit sur un autre ranch plus propice à la chasse au springbok, c’est-à-dire un terrain de collines herbeuses avec seulement quelques buissons qui peuvent nous servir à camoufler notre approche.
Après plusieurs tentatives mon partenaire réussi à récolter un 1er springbok, puis c’est à mon tour. À ma 1ère occasion, je rate mon tir à longue distance; le springbok est très petit et la distance plus grande. À la seconde il y a un beau mâle dans un groupe d’environ 8 gibiers, le tir n’est pas parfait, il touche la patte et les springbok disparaissent derrière la colline.
Ça nous a permis de valider l’importance des chiens de sang. Les chiens attendent à l’arrière de la camionnette pendant que nous chassons mais arrivent à la course dès qu’ils entendent un coup de feu; cette fois nous n’avions qu’un seul chien mais il pouvait voir les springboks au moment du tir. Le chien a donc lui aussi disparu derrière la colline derrière les 8 springboks, a suivi celui qui était blessé, et ce n’est que rendu sur le dessus de la colline que nous avons réalisé que le springbok avait contourné la colline et était reparti derrière nous, là ou on ne l’attendait pas, nous avons juste eu le temps de voir disparaitre le chien dans les petits buissons. Nous avons retrouvé notre springbok environ 1 km plus loin, le chien l’empêchait de se relever et de s’éloigner d’avantage.
C’était finalement un mâle de très belle taille, notre guide a définitivement l’œil pour trouver le trophée parmi plusieurs gibiers. Nous nous sommes ensuite dirigés vers notre nouveau site de chasse, à 2 heures de route environ du site précédent. Là nous étions logés 2 par chalet dans des chalets en pierres, munis d’un foyer donc beaucoup plus chauds la nuit. En effet, la grande surprise du voyage c’est qu’il peut faire froid en Afrique du Sud en hiver, nous sommes proches de l’Antarctique : un matin il y avait de la glace dans les pare-brises des camionnettes.
Le foyer derrière le chalet sert à chauffer l’eau chaude pour la douche. Si on l’allume en milieu d’après-midi, il y a de l’eau chaude jusqu’au lendemain matin.
Lundi 8 aout
Objectif : trouver un bushbuck pour mon partenaire en début et fin de journée et chasser le blesbuck en milieu de journée. Tôt le matin nous surveillons une vallée ou abondent les buissons. À l’arrivée on ne voit aucun gibier mais à mesure que le soleil se réchauffe, on voit sortir les gibiers partout dans les collines autour, dont une femelle bushbuck. Puis on tente d’approcher les blesbucks mais le troupeau de plusieurs centaines de gibiers nous détecte et maintien une distance qui rend le tir impossible. On essaie en fin de journée de localiser un bushbuck mais sans succès encore une fois. Donc journée sans aucune récolte.
Nous en profitons aussi pour approcher un groupe de girafes qui s’alimentent dans la tête des arbres et qui semblent peu inquiètes de notre présence.
Mardi 9 aout
Même stratégie que la veille mais nouveau ranch ou un pisteur monte à l’arrière avec notre pisteur pour nous indiquer le chemin vers les bons territoires. La chance nous sourit encore une fois, alors que nous roulons en direction de notre site de chasse prévu, notre pisteur distingue un mouvement dans les broussailles à plusieurs centaines de mètres, Nous traversons une 1ère colline dans de longues herbes plus hautes qu’un homme pour arriver dans un sentier d’où nous observons une colline fortement boisée; l’endroit ou le mouvement a été vu est à environ 300 mètres, mais malgré une longue observation, impossible de voir s’il y a un bushbuck. Nous descendons jusqu’au pied de la colline on est à 225 mètres. Finalement le guide perçoit un mouvement; pendant une demi-heure on entrevoit un animal mais impossible de tirer, il apparait, disparait mais on ne sait jamais comment il est placé. Finalement le bushbuck qui ne nous a jamais détecté traverse une petite éclaircie et on le voit à découvert : heureusement le tir est parfait et il disparait derrière une talle de buissons. Les 2 pisteurs le trouvent en suivant les indications du guide de longues minutes plus tard car il est très difficile de se rendre sur place à cause des buissons pleins d’épines très denses à cet endroit.
Finalement c’est un trophée exceptionnel dont la chasse est très difficile. C’était un vieux mâle avec plusieurs cicatrices des derniers combats de la période de rut.
Nous repartons en direction du dessus de la colline afin de repérer nos blesbuck, mon partenaire et moi en avons chacun un sur notre liste. Au moment de s’arrêter pour observer les alentours, notre pisteur nous mentionne que nous venons de passer près d’un groupe d’impalas dissimulés dans les buissons. Nous retournons lentement à pied puis entrons dans les buissons; le vent fort nous permet d’approcher sans être détectés. On ne voit que les pointes noires des panaches au dessus des buissons; le guide me confirme qu’il y a un gros mâle dans le groupe. Je prends position pour un tir et j’attends, finalement un impala avance vers nous on voit le haut du corps, c’est le mâle et il est déjà dans mon télescope, de face, un tir dans le cou à environ 50 mètres et il tombe dans ses traces pendant que les autres bondissent et disparaissent rapidement.
Il n’est que 10 hres du matin, nous avons déjà 2 gibiers de récoltés, notre objectif principal était les blesbuck. On peut finalement en observer un petit groupe mais ils sont sur la dernière colline à l’horizon. On part en leur direction en espérant en repérer d’autres dans les buissons au pied de la colline, c’est au tour de mon partenaire de tirer, on marche quelques heures sans réussir à les approcher.
Les blesbuck nous repèrent à de très grandes distances, à certains moments on voit toutes les faces blanches tournées dans notre direction. Ils partent à la course pour maintenir une distance entre nous mais ils veulent aussi rester ensemble. À la longue on comprend qu’ils font de grands cercles et reviennent là ou ils étaient auparavant : c’est leur point faible. Finalement en après-midi on réussi à couper leur trajectoire et récolter un des retardataires.
Pour ma chasse le guide décide de changer de place, question d’avoir des gibiers moins nerveux. Nous arrivons dans un secteur ou les collines sans arbustes nous permettent de s’approcher en restant sous la ligne d’horizon; nous grimpons une 1ère colline pour voir un troupeau partir à la course en nous contournant; il y a un très gros mâle parmi les retardataires, je m’installe sur le trépied en espérant qu’il s’arrête de marcher, je prends plusieurs secondes pour reprendre mon souffle, finalement le coup part, le boulet lui traverse les 2 épaules, l’animal rue des 4 pattes en sautant très haut, puis fait quelques pas et s’écroule. Encore une fois le guide a su repérer un trophée exceptionnel dans ce troupeau de blesbuck.
Nous revenons donc au camp avec une récolte de 4 gibiers pour ce mardi.
Mercredi 10 août
Ma chasse est terminée, mais je décide d’accompagner un autre chasseur qui a encore un phacochère à récolter. Le temps est pluvieux ce qui n’est pas favorable pour la chasse de ces animaux qui aiment le soleil et la chaleur. Mais son guide connait les bons coins et le succès ne tarde pas.
Jeudi 11 aout
Nous retournons à East London, nous voulons visiter une journée avant le départ du lendemain. Les guides nous font voir les meilleurs endroits, mais l’attraction principale demeure la mer, là où l’océan indien et l’Atlantique se rencontrent, à la pointe sud de l’Afrique.
Vendredi 12 aout
Nous quittons l’hôtel en fin d’avant-midi, notre vol est à 5 hres direction Cape Town puis Amsterdam et Montréal. 40 heures plus tard (dont 20 heures d’avion), je suis à la maison, soit le samedi soir vers 21 hres, je me sens un peu fatigué, ça doit être le décalage horaire…